28, un de 'nos' pélicans vu à Rabat, Maroc !

* Sénégal/Maroc.
UN DE 'NOS' PÉLICANS VU A RABAT, AU MAROC !

Ci-contre : 2009 04 6. Pélican blanc (pelecanus onocrotalus) sur le marigot du Djoudj, PNOD / Courtesy photo Axelle Marcillac

"
Ce 28 février, l'ornithologue marocain N. Aransay (cf. sources en bas de page) a pu observer à Rabat (Maroc), à quelque trois kilomètres en amont de l'estuaire du Bou Regreg, au pied des ruines du Chellah (cf. photo ci-dessous) et du populeux quartier de Youssoufia, l'arrivée inattendue d'un pélican blanc. Venant du sud et après un long vol plané, le gigantesque oiseau s'est posé sur les berges du fleuve, au milieu de cigognes blanches et d'un ibis falcinelle, à proximité d'une décharge.

Le pélican blanc (pelecanus onocrotalus) est l'une des deux espèces de cet exceptionnel voilier (il peut, avec les vents ascendants, monter à des altitudes vertigineuses) fréquentant l'Afrique de l'ouest, Mauritanie incluse. Outre le pélican gris (pelecanus rufescens), qui niche au Sénégal de la Petite Côte à la Casamance, observé en petit nombre erratique à Saint-Louis, entre le Gandiolais et le pont Faidherbe, des mangroves de Roup aux confins du Lampsar, le pélican blanc, lui, ne nidifie annuellement que sur deux ou trois sites ouest africains, d'octobre à janvier, quittant le nichoir avec les juvéniles de l'année dès la mi mars : Waser Rock au Nigeria, Banc d'Arguin en Mauritanie, Djoudj au Sénégal. Il niche parfois du coté de Kalissaye, en Casamance, et plus irrégulièrement dans le Sine Saloum (Sénégal), le delta intérieur du fleuve Niger (Mali), au Tchad et au Cameroun. Bien connus des saint-louisiens qui n'y prêtent guère attention tant ils font partie intégrante de leur paysage quotidien -des vols tournoyant de 200 oiseaux ensemble au dessus de la cité, souvent ! Et 350 pélicans, à temps plein, dénombrés entre le marigot de Khor, les îles et les mangroves du delta de la cité lacustre, 500 à 600 dans le Gandiolais jusqu'au sud du parc national de la Langue de Barbarie (PNLB) (source : BirdLife International)-, certains de ces pélicans blancs ont même été apprivoisés, notamment à Gokuumbac où ils déambulent au milieu de la chaussée comme des oies ! On n'oubliera pas aussi que ce sont 'nos' pélicans ndar ndar* qui ont été les acteurs inoubliables du film documentaire de Jacques Perrin Le peuple migrateur (César 2002 du meilleur montage).
Quant à la célèbre et monumentale colonie du parc national des oiseaux du Djoudj (PNOD), à soixante kilomètres de Saint-Louis, elle a vu ses effectifs passer, bon an mal an, de 8000-13 000 pélicans blancs, à la fin du XXe siècle, à 14 000-16000 individus en 2007, y nichant depuis 1974-1975 sans interruption, avec 3 000 poussins annuels. La population augmente particulièrement depuis 1997-1998, favorisant l'accroissement très rapide des effectifs stationnant au jeune parc national du Diawling, pendant mauritanien du Djoudj, de l'autre coté du fleuve Sénégal : les pélicans blancs y sont passés de 2 500-4 000 individus à 7 000-8 000 individus. En Mauritanie toujours, la vieille colonie du parc national du Banc d'Arguin (PNBA), la plus septentrionale d'Afrique occidentale, regroupée sur le minuscule îlot d'Arel, elle compterait plus de 3 000 couples, dont beaucoup errent après la reproduction vers le delta mauritano sénégalais, passés les sables rouges du Trarza.

L'observation dans le royaume chérifien d'un de 'nos' pélicans est rarissime -tout juste cinq mentions, notamment au lac intermittent et saharien de Merzouga, et au barrage Mansour Edhabhi de Ouarzazate-, en général des subadultes, de février à avril. On se prend à imaginer qu'à cet âge, habités par l'âme aventureuse les jeunes pélicans blancs tentent de découvrir d'autres horizons avant de reconnaître à leur delta natal toutes les vertus d'un bienheureux paradis d'oiseau(x)...

* Ndar ndar : les habitants de Saint-Louis-du-Sénégal, en langue nationale wolof

Frédéric Bacuez dit Fretback "
Pour lesaintlouisien.com, 2008 03 19

Sources :
- Go-South, Oiseaux et Nature au Maroc : http://www.go-south.org/
- GOMAC, Groupe d'Ornithologie du MaroC : http://perso.menara.ma/gomac/
Un grand merci pour leur formidable travail !


Ci-dessus : 1978, le Chellah (Rabat, Maroc) et ses cigognes blanches, au dessus de la vallée du Bou Regreg / Courtesy photo Gérard Bacuez

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Galerie photos : le Traquet de Seebohm, du Maroc au Sénégal

Hyaenidae: appel à témoins...

Adieux : vole, maintenant, tonton Aïdara !