11, le coliou huppé, un oiseau emblématique du Sahel

Envol d'une troupe de colious huppés, adultes et juvéniles (queue courte)
 2011 11 11 / © Photo par Rozenn Le Roux pour Ornithondar

* Alentours du marigot de Khant (Trois-Marigots) -


Les clichés ont la vie dure: combien de mes visiteurs sont à tous les coups étonnés de voir ici autant de végétation, même rabougrie, au seuil du Sahara; l'idée tenace, caricaturale, toujours binaire (chaud = sec et réciproquement; vase craquelée = sécheresse = famine, ah ah...), voudrait que les confins du Sahel ('le rivage', en langue arabe) soient désespéremment vides, à sec, balayés par les vents de sable au milieu desquels de squelettiques silhouettes seraient en errance perpétuelle. Des horizons mortifères. D'ailleurs, avec la sécheresse en Somalie, par un tour de prestidigitation facile c'est toute l'Afrique qui se trouve aussitôt assoiffée, chez nos chers commentateurs parisiens du monde. Ils devraient savoir que le seul Sahel ouest-africain héberge trois des plus importantes zones humides du continent, indispensables pour des millions d'oiseaux migrateurs d'Europe: le delta du fleuve Sénégal (Mauritanie-Sénégal), le delta intérieur du fleuve Niger (Mali) et le complexe lac Tchad-Logone (Tchad-Cameroun). Ou faire un tour au Cameroun et au Gabon, sur l'équateur tumultueux;  et imaginer en février à Ouagadougou, dans l'air vicié par la pollution et les brouillards orangés de l'harmattan, que quelques mois plus tard la capitale burkinabè, pas le coin le plus arrosé de la planète, recueillera tout de même 200 mm de pluie de plus que la capitale française... Bref...
Le Sahel se caractérise certes par la durée de sa saison sèche, par la brièveté de sa saison des pluies (des flux de mousson en bout de course...), irrégulières et peu abondantes, mais c'est d'abord sa biodiversité qui le définit: plus que les arbres, c'est le tapis herbacé et la richesse de ses espèces, malheureusement très menacées, qui le symbolisent au mieux. Autres emblèmes: quelques espèces d'oiseaux permettent à coup sûr de savoir qu'on est au Sahel; le coliou huppé (à nuque bleue, urocolius macrourus, blue-naped mousebird) en est le parfait exemple. L'aire de répartition de cet étrange oiseau cendré épouse parfaitement, d'ailleurs, la zone bioclimatique dite sahélienne, avec des remontées le long de la côte atlantique vers l'Adrar mauritanien, et à l'intérieur vers l'Adrar des Ifoghas (Mali), le massif du Termit et l'Aïr (Niger). Les colious sont endémiques de l'Afrique subsaharienne.

Ci-dessus: 
Colious huppés et pie-grièche à tête rousse sur les rives du marigot de Khant
2011 11 11 / © Photo par Rozenn Le Roux pour Ornithondar


On entend d'abord ses plaintes avant de l'apercevoir passant en petites troupes  sifflantes, en vol direct, rapide. Le coliou huppé n'est jamais très loin d'un village où il aime les jardins et les grands arbres torturés dont il escalade les branches avec une agilité époustouflante. Son nom anglais annonce la couleur: 'l'oiseau souris' (mousebird), non seulement pour sa robe mais aussi pour sa façon de courir sur les branches, et d'en faire parfois le tour complet, tête à l'envers, huppe pendante, bien accroché à l'écorce par des serres très puissantes. Un régal que les voir... 

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