6, sahariens d'hiver au Ndiaël: courvite isabelle et sirli du désert

2014 01 6 15h25, sirli du désert hivernant dans la cuvette asséchée du Ndiaël / Photo par Frédéric Bacuez

2014 01 6:
* Cuvette du Ndiaël et dunes périphériques -

Certes, le site est le plus propice au Sénégal pour rencontrer ces deux espèces déserticoles... Mais tout de même ! Alix & Daniel Mignot et Ornithondar ont aujourd'hui le privilège de rencontrer, d'approcher et d'observer à loisir deux espèces phares du Ndiaël hivernal, le courvite isabelle (cursorius cursor) et le sirli du désert (alaemon alaudipes). A eux seuls, ces deux oiseaux mériteraient (avec le grand-duc de Verreaux, bubo lacteus, également noté ce jour en périphérie boisée du Ndiaël) que l'Etat sénégalais et les fonctionnaires de l'Environnement, ainsi que leurs bailleurs de fonds, se bougent enfin pour réhabiliter ce site unique au Sénégal. Avant que les promoteurs de la 'croissance du capital', en embuscade, ne se chargent de récupérer les lieux, d'asperger la cuvette sous le cagnard et dans le vent d'harmattan en vidant le lac de Guier et le fleuve Sénégal, afin de satisfaire les besoins en maïs doux des faméliques Européens... et les comptes en banque de ceux qui tirent les ficelles du 'développement' (en l'occurrence absolument pas durable !)... Nous y reviendrons...

Lire aussi sur Ornithondar2014/01/12, cryptiques, le courvite de Temminck et l'oedicnème tachard



 Ci-dessus: 2014 01 6; à g., 15h dans la cuvette du Ndiaël, l'habitat hivernal du sirli du désert 
- à d., deux courvites isabelles sur le chemin (cercle orange), à l'orée d'un hameau du cordon dunaire dominant le Ndiaël 
/ Photos par Frédéric Bacuez

  • Le courvite isabelle

Petit échassier des régions arides de la bordure saharienne, le courvite isabelle (cursorius cursor ssp. cursor, cream-coloured courser, cf. photos ci-après à g. et en bas de notule) est un migrateur de courte distance, effectuant des déplacements saisonniers d'une rive - Sahel, en arabe- à l'autre du grand désert: au nord (Maghreb), du printemps à l'automne, au sud (Sahel), de l'automne au printemps. De petites populations sédentaires résident néanmoins dans la bande subsaharienne, de la Mauritanie au Soudan - y compris au Sénégal, au nord-est du Ferlo dans la région de Matam. Mais ce sont essentiellement des sujets hivernants descendus des Hauts-Plateaux maghrébins, des contreforts présahariens de l'Atlas marocain et du Sahara occidental qui fréquentent le Sénégal, de septembre à mai, singulièrement les parties sablonneuses du delta (du Dimar de Dagana au Gandiolais via la cuvette du Ndiaël et les cordons des Trois-Marigots) jusqu'à la péninsule du Cap-Vert dans les dunes littorales de la Grande Côte.



Ci-dessus: 2014 01 6; à g., 11h30, courvite isabelle dans les dunes limitrophes du Ndiaël - à d., 15h, sirli du désert dans la cuvette du Ndiaël 
/ Photos par Frédéric Bacuez

  • Le sirli du désert

Grand passereau aux longues pattes qui le font ressembler à un tout petit échassier, le sirli du désert (alaemon alaudipes ssp. alaudipes, greater hoopoe lark, cf. photos ci-dessus à d. et en haut de notule) est un hôte strictement d'hiver du Ndiaël, du Dimar et du Ferlo sénégalais. Oiseau typiquement saharien, le sirli est apparu dans le catalogue ornithologique sénégalais à la faveur des grandes sécheresses de la fin du siècle passé, à l'instar du courvite isabelle (cursorius cursor) et de la moinelette à à front blanc (eremopterix nigriceps). L'assèchement par les Hommes des cuvettes aquatiques comme le Ndiaël, la dégradation du couvert herbacé par le bétail, dégageant les sables du Ferlo, ont favorisé la villégiature de plus en plus régulière de ces oiseaux déserticoles après la saison des pluies - la moinelette étant désormais bien installée et nicheuse au Sénégal -, trouvant ici des insectes à satiété dès la fin de "l'été" et plus abondamment qu'au Sahara.

Arpenteurs des sables

Les deux oiseaux déserticoles arpentent ainsi les terrains sablonneux peu épais mais suffisamment meubles pour pouvoir les sonder du bec. Essentiellement insectivores, les deux marcheurs insatiables avancent le torse bombé, la tête haute et légèrement en arrière, alternant courses rapides et brefs arrêts pour le courvite, démarche chaloupée d'outarde et courtes envolées papillonnantes sur quelques mètres pour le sirli. Peu farouches, ils se laissent approcher relativement près, même en voiture, tout occupés à transpercer la base des rares herbes pour extirper du sol des larves, des fourmis, des termites, des tenebrionidés divers.

2014 01 6 11h35, courvite isabelle dans les sables voisins d'un hameau d'éleveurs, près du Ndiaël / Photo par Frédéric Bacuez

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