6, première sortie pour trois pulli de gangas à ventre brun

2014 07 6, zone du marigot de Khant: couple de gangas à ventre brun (mâle à g., femelle à d.) et leurs pulli tout juste sortis du nid
/ Courtesy photo par Daniel Mignot pour Ornithondar

* Aire communautaire des Trois-Marigots, marigot de Khant -

100% de réussite pour ce couple de gangas à ventre brun des Trois-Marigots: leurs trois oeufs pondus entre le 13 et le 16 juin derniers ont éclos ce matin, ou hier, et accordé la vie à trois pullis. Ayant survécu à tous les aléas et sous bonne garde de père et mère, les poussins font ce soir l'une de leurs toutes premières excursions vers l'aire de gagnage. Ce sont des oisillons nidifuges, c'est à dire qu'à peine nés ils sont capables de se déplacer et quitter la maternité sans demander leur reste - une fois le dernier de la nichée bien sec, car on est solidaire, dans la famille ganga... Au bout de quelques heures ils accompagnent déjà leurs parents à la recherche de nourriture: des graines d'herbes, de légumineuses et de céréales sauvages - avec leur lot de petits cailloux, c'est toujours bon pour le transit intestinal... Si les petits ne volettent pas déjà, car ils y arrivent souvent avant même d'avoir perdu leur livrée de bébé, demain au petit matin ils laisseront leur géniteur gagner à tire-d'aile le point d'eau le plus proche pour le ravitaillement; là, le puisatier garnira la moindre parcelle de son beau plumage de milliers des gouttelettes qui feront le bonheur de la nichée, à son retour. Avant que leur mère à son tour ne s'envole pour aller boire, brièvement, le plus brièvement possible. Il en sera ainsi pendant près de deux mois, l'essentiel du temps des poussins étant consacré à leur engraissement sur les sites d'alimentation. Toujours sous la surveillance attentive d'au moins un des deux parents. Un danger ? Trop de soleil ? Hop ! les oisillons se réfugieront sous le ventre ou sous les ailes de leurs protecteurs. Tout est chronométré, dans la famille ganga; pas de place pour l'improvisation.

Nota: sous les latitudes soudano-sahéliennes, les gangas à ventre brun (pterocles exustus, chestnut-bellied sandgrouse) nichent juste avant la saison des pluies, quand la nature est au plus mal, desséchée, assoiffée, accablée de soleil. Nos oiseaux cryptiques nidifient à même le sol, la femelle pondant trois oeufs en tenue de camouflage dans une dépression quasi imperceptible, parfois bordée d'une mince barrière de brins d'herbes. Le partage des tâches est régi par le respect strict de l'équité: madame couve le jour, monsieur la nuit. Et le matin, c'est encore monsieur qui est de corvée d'eau !
Deux raisons essentielles expliquent le choix de nidifier en cette impitoyable saison d'avant la mousson - les couvaisons s'étalant de mars à juillet: primo, le risque de voir la couvée emportée par la première averse, qui se transforme en ru à la surface des sols, est annulé; secundo, le soleil à son paroxysme accélère le processus de la couvaison et libère rapidement un nid précaire toujours à la merci d'une mangouste, d'un chacal ou d'un chat sauvage.

Additif: premières tentatives pluvieuses sur le bas-delta, le 4 juillet: beaucoup d'éclairs, et quelques 'traces' ici et là. Le 9 juillet, loin en amont au sortir de la vallée du fleuve Sénégal, déluge sur le Guidimakha mauritanien, aux confins du Sénégal et du Mali. Une seule averse et la ville de Sélibaby se retrouve sous les eaux. L'hivernage voudrait s'installer, enfin.

Tous les remerciements d'Ornithondar à Alix & Daniel Mignot pour leur document photographique

Commentaires

  1. Un bonheur que de voir sa photo enrichie d'un commentaire aussi riche et précis. J'en suis presque rassuré pour nos trois jeunes futurs délinquants que je voyais bien menacés

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