11, les spatules blanches lancent le début de la migration prénuptiale

Les spatules blanches - Platalea l. leucorodia, sont avec les cigognes blanches les premières à repartir vers le nord ! 
2013 02 11, 14h20 / © Photo par Frédéric Bacuez

* Plaine de Biffeche. Entre Djeuss et fleuve Sénégal -

APREM'-
Le temps file... Voici, déjà,  les prémices de la migration prénuptiale des oiseaux au long cours ! Ce jour, les tout premiers bataillons de spatules blanches (Platalea leucorodia ssp. leucorodia, Western European Spoonbill) passent en formation typique du grand voyage printanier, en  V... Tandis qu'en Europe février voit remonter vers le nord les oies cendrées (Anser Anser) et les premières troupes de grues cendrées (Grus Grus), aucune d'elles ne s'aventurant au sud du Sahara, ce sont les Spatules qui lancent la saison de la migration printanière dans notre delta sahélien: elles sont toujours les premières hivernantes à reprendre la voie littorale pour rejoindre leurs bastions d'Espagne ou des Pays-Bas, et de France.
Les spatules d'Europe arrivent dans le delta sénégalais courant juillet (juillet-octobre) et en repartent, pour les premières, début février. Si la migration postnuptiale est plus massive, avec un pic d'arrivée en septembre, la migration prénuptiale est plus étalée dans le temps: premiers départs début février, derniers en mai, avec un pic d'envols fin février. Mais de nombreux juvéniles de moins de trois ans, non reproducteurs, restent souvent dans le bas-delta du Sénégal. A noter, aussi, que de plus en plus d'oiseaux hivernent dans le sud-ouest de la France, dans la péninsule ibérique et dans une moindre mesure au Maroc. La migration se fait de jour, par groupes de 10 à 40 individus en moyenne.

- Premier passage à 13h15: 16 ind. dont 2 immatures, en formation au-dessus du marais de Maroum Diassik, arrivant du sud et tentant en vain d'y faire halte avant de reprendre leur vol en V vers le nord
- Second passage à 14h20: 22 ind. dont 2 sujets bagués (cf. photos ci-dessous) et quelques uns en mue nuptiale, en formation typique en V, en vol sud-nord.

Ci-dessous: 
dans un vol de 22 spatules blanches en remontée migratoire prénuptiale...
- première photo, un  individu bagué (dernier oiseau à droite de l'image)
- deuxième photo, un second individu bagué (avant-dernier oiseau en bas de l'image)
2013 02 11 14h20 / © photos par Frédéric Bacuez

Nota 1: la spatule blanche est l'un des symboles de l'importance du delta sénégalais pour l'accueil des espèces d'oiseaux du Paléarctique occidental. Longtemps menacée dans son aire de reproduction européenne, la spatule blanche (Platalea leucorodia leucorodia) connaît depuis les années 90' une véritable résurrection grâce aux mesures énergiques de protection et de sauvetage de ses lieux de nidification connus et potentiels. A partir de ses bastions originels, l'Espagne et les Pays-bas, l'échassier s'est d'abord (ré)installé en France - dès le début des années 80'; il niche aussi, maintenant, au Portugal, en Italie, et, depuis peu, en Allemagne, au Danemark, et en Angleterre. Ses effectifs 'atlantiques' avoisinent les 5 500 couples nicheurs, dont les oiseaux hivernent essentiellement au sud du Sahara: si 30 à 40% des spatules blanches, parfois plus, passent l'hiver sur le Banc d'Arguin de Mauritanie, c'est la moitié de la population totale qui hiverne dans le bas-delta du fleuve Sénégal - avec un maximum de 3 700 individus recensés en 2004 !

Lire:
La spatule blanche hivernant dans le delta du fleuve Sénégal, par Patrick Triplet et Pierre Yésou (1999)
Et http://www.aves.be/fileadmin/Aves/Bulletins/Articles/44_3/44_3_171.pdf, par Otto Overdijk

Nota 2: le comptage des spatules blanches d'Europe dans le delta du Sénégal est un véritable casse-tête ! Notre échassier est en effet très mobile et peut fréquenter plusieurs sites dans la même journée... Cela est particulièrement vrai après la mousson, surtout si celle-ci a été généreuse - c'est le cas cette année: les Spatules ont tendance à se mêler alors aux Ardéidés et aux Pélicans pour des curées spectaculaires dans les marais saisonniers qui bordent le fleuve Sénégal et ses affluents du N'Galam, Djeuss, Lampsar. Des concentrations de plusieurs dizaines voire centaines d'individus peuvent se retrouver pendant plusieurs jours de suite, dès le lever du jour, dans de toute petites mares saisonnières, à l'abri d'épais rideaux de massettes et de typhas. Le soir, les Spatules regagnent leurs dortoirs, généralement à découvert dans les lagunes et lagons saumâtres de la périphérie de Saint-Louis (Sal-Sal, Gueumbeul, Diawas et Petit Bras de l'Île aux Bois) ou de Ross-Bethio. Au fur et à mesure que la sécheresse s'installe, nos spatules se rapprochent du fleuve ou des reposoirs connus de Ndigue et du Djoudj (coté sénégalais), du Diawling et du Chot Tboul (coté mauritanien).

Ci-dessous: 
 premiers vols de spatules blanches d'Europe en migration prénuptiale 
Premier groupe (16 individus), 13h15
2013 02 11 aprem' / © Photos par Frédéric Bacuez
- Cliquer sur les photos pour agrandir -

Deuxième groupe (22 individus), 14h20

Commentaires

  1. Bonjour Frédéric, l'affluent qui s'était cassé du "Rhin" a quitté le lit et te remercie du message; ici des
    spatules font toujours une boucle au-dessus du jardin (entre pont van Gogh et "prends y garde" proche de la digue du Rhône vers"carnage"avant de se poser sud-ouest; je débouche un château-du-pape; amitiés:thibault

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