En novembre, 'il' abat une cigogne noire, juste pour le plaisir !

2013 01 12. Cigogne noire survolant le 'marais de Mboubeune'...  tout près du lieu du crime / Photo par Frédéric Bacuez

* Plaine de Biffeche. Derrière les casiers rizicoles -

Ornithondar apprend ce jour, de sources fiables, qu'une cigogne noire (ciconia nigra, black stork) a été abattue à la mi-novembre 2012 par un braconnier bien connu de Bango, à proximité des casiers rizicoles du village, à quelques kilomètres dans la plaine de Biffeche entre le Maroum Diassik et Mboubeune. L'échassier, espèce menacée et intégralement protégée, a été tué, ainsi qu'une aigrette blanche, alors qu'un petit regroupement d'ardéidés avec deux cigognes noires arpentait le bas-fond poissonneux en cours d'assèchement. Le sieur Alioune D. avait accompagné des 'frère' et 'amie' riziculteurs dans leurs champs juste après la moisson, emportant son fusil qui ne le quitte jamais quand le 'chasseur' descend en brousse... Laissant les agriculteurs à leurs (pré)occupations terriennes, Alioune avait tôt fait de remarquer la provocation des oiseaux surexcités, à quelques arpents de distance... Poum poum ! Voilà notre fine gâchette vite revenue du champ de tir, avec ses deux proies - aussitôt déplumées in situ, dans le casier des céréaliers !

Nota: Alioune D. est un chic type, m'a t-on dit; certes du genre "macho" (sic), mais chic. Un bon gars sympa, quoi ! Peu enclin à tremper les mains dans la glaise, le terreau ou le fumier, ou dans le ciment, encore moins dans les caniveaux; un gars qui aime les émotions fortes, l'odeur de la poudre et le fumet de la brousse... Amoureux transi de son fusil; grand chasseur de phacos devant l’Éternel. Toujours prompt à rendre service: Alioune D. sait parfaitement que les expatriés toubabs et leurs jeunes développeurs - et développeuses à peine sorties de l'école !- sont prêts à toutes les expériences exotiques, bien disposés à bourse délier pour goûter du suidé, ce porc impie que les mahométans méprisent et ne mangent pas. Enfin... pas tous les mahométans du cru : outre les Casaçais - ceux de l'exubérante Casamance égarés dans cette toundra sablonneuse, ou les Sérères pas encore convertis, qui eux ont la permission d'en souper, il y a surtout les musulmans-du-jour et les musulmans-de-la-nuit, ceux qui depuis la grand'ville activent leurs relations pour se faire acheminer de la viande de brousse, directement à la maison. Et plus la demande se fait pressante, plus l'offre doit s'organiser: c'est ainsi que notre ami Alioune s'est mis en cheville avec le dénommé Didier, gérant toubab d'une taverne quasi exclusivement fréquentée par d'autres toubabs, noctambules insulaires de Saint-Louis, au premier rang desquels nos p'tits développeurs ! Les deux amis font d'abord dans l'oignon - comme si on en manquait, de l'oignon, dans le pays !?... Mais si le temps le leur permet, nos deux comparses s'offrent des virées pétaradantes en brousse où il ne fait pas bon, alors, d'être à plumes ou à poils... Alioune, en fin connaisseur du terrain sahélien - le toubab véhiculé est son chauffeur !- et si les munitions ne font pas défaut, ne lésine pas sur la consommation des cartouches: un vrai ball-trap ! Tout ce qui bouge, vole ou se meut a droit à sa volée de grenailles, et tant pis si au petit bonheur la chance il fait tomber du ciel un rapace ou un échassier en voie de disparition, protégé par la Loi. La loi, sur le terrain, c'est lui. Vu que l'agent assermenté en charge de traquer le braconnier - ou le bûcheron illégal...- est plutôt du genre casanier, au bureau ou en séminaire, au mieux à un poste fixe de contrôle routier à l'entrée de la ville, assis sur son banc et baillant aux corneilles sous le béret vert, Alioune et ses accointances ne risquent pas de tomber nez à nez sur un commando du ministre Haïdar El Ali. Sauf que, l'an passé, un blitzkrieg de je ne sais quelle police sur le domicile d'Alioune prouve - tout de même !- que notre chic type un brin macho est "connu des services"... On se demande néanmoins si nos pandores de l'environnement ne s'y sont pas rendu à reculons ou armés de mégaphones pris à la mosquée du coin, car la rumeur dit que leur braco a eu le temps de planquer chez ses voisins le "gros oiseau" qu'il avait rapporté de sa dernière promenade armée, ainsi que tout le harnachement qui allait avec le volatile, bagues et traqueur satellitaire... précautionneusement mis sous terre... On n'est jamais assez prudent, quand on est chasseur...

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