25, c'est Noël, mon premier Percnoptère d'Egypte au Sénégal. Et un nouvel Aigle de Bonelli.

Vautour percnoptère - neophron percnopterus, 1ère AC
En danger d'extinction (UICN 2016) !
2017 12 25, 12h29 / © Photo par Frédéric Bacuez

* Quelque part dans les Trois-Marigots -
MIDI-

Au seuil des vasières desséchées, craquelées, courues par les bergeronnettes printanières, les glaréoles à collier et  les gravelots pâtres cryptiques. Je me suis dégoté un semblant d'ombre sous l'arbuste isolé qui me contraint le moins aux contorsions. Sandwichs, pomme et gorgées d'eau réparatrices. Les yeux brûlés dans le ciel blanc piqueté de milliards de particules fines. Aveuglant. Irritantes. Mais c'est le moment des grands voiliers, les deux meilleures heures pour les surprises de taille. Parfois; régulièrement si l'on est patient et attentif, obstiné, imperméable aux agressions du soleil et des sables. A l'écrasante oppression de la chaleur et de la sécheresse, qui donnent inévitablement envie de somnoler; d'abandonner, de s'abandonner. N'importe où, même sur les crevasses de l'argile momifiée. La paire de jumelles à portée de mains, tout de même... Au cas où, entre deux entrebâillements de paupières amorphes.

Un tout jeune vautour percnoptère en vol N/NO-S/SE

Quasiment 12h30. Ce n'est pas une chance, mais un rendez-vous: il arrive pile poil de la dune riveraine d'en face; pas à quelques centaines de mètres à gauche, à droite, il aurait été invisible ou impossible à identifier dans les suspensions sablonneuses. Sans dévier, il plane droit vers moi, assez haut, peu à peu déportant cependant vers ma droite, c'est à dire son orient. Je saisis les jumelles, convaincu qu'il s'agit là d'un jizz d'exception: la forme de la queue, évidemment, cela ne peut être que lui, le vautour percnoptère (percnoptère d'Egypte, neophron percnopterus, egyptian vulture) ! Comme il est tout sombre, avant de m'enthousiasmer, le 'palpitomètre' au maximum, je prie seulement qu'il ne s'agit pas d'un vulgaire vautour charognard (necrosyrtes monachus), pourtant à son tour en déclin comme rarement espèce n'a connu chute d'effectifs en un quart de siècle... Cette fois, quasiment à ma verticale, je devine les premières dorures de sa queue cunéiforme, le jaune de ses pattes: c'est bel et bien un percnoptère, a priori un jeune sujet en début de mue de 2e AC - bien qu'il est difficile de donner un âge à l'oiseau sur la base de livrées très variables jusqu'à sa 5e/6e année. Cela dure deux à trois secondes et le voilà déjà disparu dans les profondeurs des Trois-Marigots, en direction du lac de Guiers. Vagabondera-t-il dans la région deltaïque ou connaîtrait-il l'adresse du Boundou, cette 'réserve naturelle communautaire' (RNCB) dont Gabriel Caucanas est le chargé des suivis écologiques pour le CORENA, son Conservatoire financé par le Conseil départemental de l'Isère (France) ? Les 25 et 26 novembre 2017, "pas moins de 36 percnoptères, 3 oricous, 1 Rüppell et 2 charognards (...) ont été dénombrés (...) dans le Boundou" (Voir ICI et LA sur la page Facebook de la Réserve communautaire du Boundou). Ce qui, en ce qui concerne les percnoptères, pourrait être un record anachronique pour le Sénégal 'contemporain', moderne et émergent. Avec cette question sous-jacente: percnoptères afrotropicaux ou/et percnoptères paléarctiques ?

Additif: en décembre 2016, notre ami John Wright a photographié un balbuzard pêcheur agressant un immature de vautour percnoptère sur la Langue de Barbarie, dans les limites du parc national du même nom (PNLB) ! "Osprey chasing an immature Egyptian Vulture. First time I have seen this vulture in Senegal." On se sent moins seul... (Voir ICI sur Ornithondar)


Sénégal septentrional le 25 décembre 2017
Un percnoptère au-dessus de l'aire communautaire patrimoniale des Trois-Marigots
Pas moins de 36 percnoptères (...) dans le Boundou ", 
une réserve naturelle communautaire du Sénégal oriental
 les 25-26 novembre 2017


Nota: à la fin du mois d'octobre 2016, c'est par ici qu'un percnoptère français radio-pisté a disparu. Celui-ci venait d'un centre de récupération des vautours accidentés; et avait été équipé en 2015 avant que de passer une saison 2015-2016 sans souci en Espagne. A l'automne 2016, le percnoptère opte comme tant de ses congénères pour la grande aventure africaine. Après avoir franchi le détroit de Gibraltar, survolé le Maroc puis la Mauritanie, notre oiseau avait disparu des radars quelque part dans les Trois-Marigots. Les mêmes marigots où j'observe, un an plus tard, mon premier jeune percnoptère au Sénégal - et même en Afrique de l'ouest.

Lire et voir:
Egyptian vulture (Neophron percnopterus) in Vulture Conservation Foundation (VCF)
Egyptian Vultures found breeding in Niger, 2015 08 in Vulture Conservation Foundation (VCF) 
58 percnoptères stationnent autour du Djebel Moussa (Maroc) lors de la migration prénuptiale, in Magornitho 2016 05 9
Egyptian vulture in France in 2016 – a summary: smaller population but average breeding productivity and a good number of young ringed, 2017 01 in Vulture Conservation Foundation (VCF)

Ci-contre:
un voyage sans retour qui s'est achevé du coté des Trois-Marigots...
2016 10 / Courtesy © Conservation Vulture Foundation (VCF)Ci-dessous:
Vautour percnoptère - Neophron p. percnopterus, 1ère AC en déplacement N/NO-S/SE... Direction le Boundou ?
Trois-Marigots 2017 12 25, 12h29 / © Photos par Frédéric Bacuez


Nota: la majorité des percnoptères rencontrés dans les régions saharo-sahéliennes et sahélo-soudaniennes de l'Afrique de l'ouest sont vraisemblablement des hivernants venus du Paléarctique occidental - essentiellement Portugal, Espagne (1300/1500 couples, 40% de l'effectif reproducteur européen); et France (80-87 couples territoriaux dont 76 ont a minima pondu, saison 2016). Partout, à l'exception de la Catalogne et de Minorque (Espagne), de la France et... de l'île de Socotra (Yémen), les effectifs du percnoptère continuent de décliner: 50-79% sur trois générations en ce qui concerne les populations européennes, avec une forte mortalité, notamment juvénile, lors des migrations et stationnements en Afrique (in BirdLife International, 2017; & Oppel et al., 2015) ! Les vautours percnoptères continentaux ont disparu de pans entiers de l'Afrique (australe, orientale, occidentale); et même dans son bastion éthiopien (cf. photo d'un sujet adulte ci-après), ses effectifs tendent à décliner depuis quelques années. On ne sait si les oiseaux reproducteurs récemment re-découverts au Maroc dans le Moyen-Atlas oriental*1 et ceux qui survivent dans les massifs sahariens (Maroc, Mauritanie) sont des migrateurs, partiels, complets ou pas du tout. En Afrique occidentale, les quelques couples installés dans les falaises entre Kita et Kayes (Mali), et les possibles reproducteurs de la région de Kédougou (Sénégal) étaient déjà en train de disparaître du paysage au début des années 70' du siècle passé (in Morel & Roux, 1973). L'ultime population relictuelle nicheuse connue a sans aucun doute déserté les pitons d'Hombori (Mali) au début de ce siècle mortifère - un seul individu en août 2004 !- avant que des percnoptères soient observés dans le massif du Termit et, ô miracle, deux paires avec aire dans le massif du Koutous (Niger) en 2015. Ailleurs, il en est ainsi pour tous les vulturidés comme pour la plupart des rapaces subsahariens, ce sont nos oiseaux-à-nous qui occupent en hiver ciels et terres dont leurs cousins autochtones ont été extirpés, faute d'arbres ou de falaises pour s'établir, coupés courts ou impitoyablement dénichés... Jean-Marc Thiollay nous avait déjà révélé l'ampleur de l'hécatombe silencieuse dès 1971-1973 et, surtout, en 2004 après un mémorable transect ornithologique de 3688 kilomètres d'ouest en est dans la bande saharo-sahélienne*2... "From Adrar [Mauritanie] to Ténéré [Niger], just one Egyptian Vulture Neophron Percnopterus was recorded in 2004 (vs 75 in 1970s), but it was still common in the oases of Kawar (27 vs 38) [dans une falaise de 150 kilomètres au nord-est du Niger, ndlr.]" Depuis ? Depuis, ça ne s'arrange pas, et ne risque pas de s'arranger: les arbres continuent de rapetisser et d'avoir toujours plus d'espace pour... végéter puis dépérir, pour une cuisine à nulle autre pareille dès lors qu'elle se fait par terre et au charbon d'acacia; les moindres recoins granitiques sont ratissés au gros peigne, au nom des savoirs de la médecine rebouteuse et incantatoire; et les dépouilles d'animaux domestiques sont truffées de poisons, avec ou sans patente, contre de fantomatiques rôdeurs... Mais on lutte ! 

Les vautours percnoptères d'Europe traversent le détroit de Gibraltar de la mi-juillet à la mi-octobre, croisent à la verticale de la Mauritanie de mi-août à novembre et de février à mai (in Oiseaux de Mauritanie, par P. Isenmann, M. Benmergui, P. Browne et al., 2010). Ils stationnent au sud du Sahara généralement jusqu'en fin janvier, de moins en moins 'nombreux' jusqu'en mars. Les percnos' juvéniles séjourneront sous nos latitudes dans une fourchette d'une année et demi à trois ans. A leurs risques et périls. Sur la base des informations données par différents percnoptères suivis par balises depuis quelques décennies (Paul Isenmann évoque des oiseaux français radio-pistés en 1997 ayant séjourné dans le sud-est mauritanien !), les quartiers d'hiver commencent à être mieux identifiés: le Hodth, donc (Mauritanie), puis le parc national de la boucle du Baoulé et zones voisines (Mali), la réserve d'Ansongo-Menaka (Mali), les vastes étendues de Gadabedji-Termit (Niger) sont des hotspots régulièrement fréquentés par les vautours suivis par satellite. Si  mes petits camarades du Boundou renouvellent leur comptage historique de percnoptères, il est fort à parier que cet oriental sénégalais soit alors, lui aussi, un nouvel hotspot pour l'hivernage de nos chères Poules des Pharaons ! Je ne trouve en revanche pas de données significatives indiquant un quelconque et significatif hivernage dans les steppes littorales ou bas-deltaïques de Mauritanie au Sénégal alors que les Borrow & Demey, tant dans leur dernière version du 'Western Africa' (2014) que dans l'édition 'Senegal-The Gambia' (2011) indiquent un vagabondage côtier chez nos voisins et même un stationnement hivernal dans notre fief... rizicole et maraîcher ! Étrange...

*1 Significant population of Egyptian Vulture Neophron percnopterus found in Morocco,
par Mohamed Amezian (Université Abdelmalek Essaâdi) & Rachid El Khamlichi (GREPOM/BirdLife Maroc)
*2 Severe decline of large birds in the Northern Sahel of West Africa: A long-term assessment,
par Jean-Marc Thiollay in Bird Conservation International (2006), 16:353-365, BirdLife International 2006

Lire aussi:
Neophron percnopterus, in The IUCN Red List of Threatened Species, 2017-3
Rapaces.lpo.fr/vautour-percnoptère, in Ligue pour la Protection des Oiseaux (France)
Egyptian vulture (Neophron percnopterus), in Vulture Conservation Foundation (VCF)


Ci-dessous:
aire de distribution du vautour percnoptère 
in Multi-species Action Plan to Conserve African-Eurasian Vultures / Final Draft, par Nick P. Williams et al., 2017
CMS/Raptors Mou/BirdLife International/Vulture Conservation Foundation/Vulture Specialist Group

Ci-dessus, de g. à d.:
vautour moine Lucie, Buclon (chaîne du Bargy, France) 2015 05 27, 13h50 / © Photo par Frédéric Bacuez
vautour percnoptère adulte, Ziway (Ethiopie) 2015 01 19, 11h41 / © Photo par Frédéric Bacuez, avec Pascal Bacuez
vautour à tête blanche, hauts-plateaux abyssins (Ethiopie) 2014 11 8, 9h29 / © Photo par Frédéric Bacuez, avec Pascal Bacuez
- Cliquer sur les photos pour agrandir -


Remarque: des huit 'authentiques' vulturidés déjà recensés au Sénégal*1, il m'en reste deux à y rencontrer: l'afrotropical et splendide vautour à tête blanche (trigonoceps occipitalis, white-headed vulture), probablement devenu le vautour le plus rare du pays mais aperçu en Casamance par l'inévitable Bram Piot pour SenegalWildlife, en octobre 2016; j'ai eu la chance de l'observer et photographier dans d'excellentes conditions, pour ma part, sur les plateaux abyssins (Ethiopie, cf. photo ci-dessus à d.). Et l'eurasien vautour moine (aegypius monachuscinereous vulture), documenté à deux reprises (également rapporté de janvier 2005 et du 13 février 2013): entre Touba et Louga, un sujet bagué photographié par Jos A. Vroege (2005 02 23)*3; puis entre Kaolack et Touba par notre camarade Simon Cavaillès avec la LPO-Isère (France), ce second oiseau immature ayant été photographié par Laurent Puch (2013 01 23)*2. A l'instar du vautour fauve (gyps fulvus fulvus), le regain démographique du vautour moine dans ses bastions ibériques et maintenant en France laisse présager que ces premières coches de l'hiver sénégalais ne resteront pas longtemps de singulières anecdotes. De cette dernière espèce aussi, j'ai eu la chance d'en 'immortaliser' plusieurs jeunes erratiques, dans mes montagnes de Haute-Savoie (mai 2012; mai, juillet, août 2015, dont Lucie, une femelle marquée à l'aile - cf. photo ci-dessus à g.; juin 2017 - pour LPO-74, France).

*1 Neophron percnopterus percnopterus / Necrosyrtes monachus / Trigonoceps occipitalis / Gyps africanus / Gyps rueppellii rueppellii / Gyps fulvus fulvus / Torgos tracheliotus tracheliotus / Aegypius monachus / [Gypohierax angolensis]

Lire:
*Second observation of cinereous (black) vulture for Senegal, par Paul Robinson in SenegalWildlife 2013 02 27
*Immature Cinereous Vulture Aegypius monachus in Senegal in February 2005, par Jos A. Vroege in Bulletin de l'African Bird Club (ABC) 21-2, p. 223-224, septembre 2014
Additif 2018 01: First record of Cinereous Vulture (Aegypius monachus) for Mauritania, par Mohamed Amezian in Maghreb Ornitho 2018 01 14


Frottements immatures:
le pygargue vocifère et un nouvel aigle de Bonelli préfèrent ne pas se heurter

12h40. Dix minutes après le passage du vautour percnoptère; sur le même site, depuis le même ombrage arbustif, sous la même chape de plomb. Dans les altitudes poussiéreuses, un immature de pygargue vocifère (haliaeetus vocifer, african fish eagle) cercle à la verticale de la grande dépression. Plus haut dans les troubles vaporeux, un rapace de taille égale, plus svelte, impossible à identifier. Il cercle aussi, tout en surveillant l'aigle pêcheur, à prudente distance. Le pygargue descend soudainement par paliers, pattes tendues, il s'agit d'un sujet bigarré de peut-être 3e AC; il vient se poser au sol, sur la vasière en cours d'assèchement d'un lagon dégagé de toute végétation. Il y restera environ un quart d'heure avant de reprendre les airs, immédiatement survolé par... un aigle de Bonelli (aquila fasciata fasciata, Bonelli's eagle) lui-même houspillé par un busard des roseaux (circus a. aeruginosus, western marsh harrier); comme le 13 décembre dernier. Le duo, que dis-je, le trio s'élève de concert, évitant cependant de se rapprocher de trop les uns des autres; je délaisse le subsaharien pour me concentrer sur l'euro-méditerranéen: mais oui, ce Bonelli sans l'ombre d'un doute ne ressemble en rien à celui que j'ai observé et photographié non loin d'ici, par deux fois cet automne, les 20 novembre et 13 décembre 2017. Il s'agissait alors d'un juvénile au plumage parfait de moins de trois ans; celui de ce midi est un immature de 3 à 4 ans. La teinte des couvertures dit tout.

Voilà donc qu'un second aigle de Bonelli a choisi de 'mûrir' par ici, dans ces Trois-Marigots promis à la braderie, à la découpe, physique, financière et administrative; à la colonisation, humaine (les serfs) et économique (les agro-businessmen). Les années passées, j'avais bien pensé reconnaître, dans les cieux du territoire convoité, le jizz d'aigles d'âges différents, des Bonelli voire un fascié (aquila spilogaster). Hélas, faute de documentation irréfutable, j'en étais resté à mes dubitations. Cette fois, on a les preuves... Et tac !

Voir les notules d'Ornithondar avec tag/libellé 'Aigle de Bonelli': ICI

Ci-dessous:
en haut, aigle de Bonelli - aquila fasciata fasciata, 3e/4e AC (12h51)
en-dessous à g., pygargue vocifère - haliaeetus vocifer, 2e/3e AC (12h54) VS le même aigle de Bonelli - aquila f. fasciata, 3e/4e AC (12h51), à d....
Au zénith dans les limbes poussiéreuses des Trois-Marigots 2017 12 25 / © Photos par Frédéric Bacuez 
Ci-dessus, au milieu:
" Aigle de Bonelli  (aquila f. fasciata) - et de deux ! 
Sur des sites différents d'un même vaste secteur...
[moi, quand je fais une fixette, je suis comme un roquet, je ne lâche plus; 
et le de Bonelli en hivernage sénégalais, ça fait quelques années qu'il me titille, çui-là !] 
- un premier [de la saison 2017-2018, ndlr.] les 20 novembre et 13 décembre: 
2e vers 3e AC en plumage parfait (à g.) [me trompé-je ?]
- un second le 25 décembre: 
3e vers 4e AC avec secondaire manquante à l'aile gauche (à d.) [me trompé-je encore ?] "

Ci-dessus:
pygargue vocifère - haliaeetus vocifer, 2e/3e AC
2017 12 25, 13h25 / © Photos par Frédéric Bacuez

25 décembre 2017: huit espèces de rapaces

Entre 13h et 13h25. Par deux fois dans les suspensions poussiéreuses qui écrasent la vaste dépression, l'immature de pygargue tente d'approcher un jeune balbuzard pêcheur (pandion h. haliaetus, european osprey), histoire de l'impressionner, croit-il naïvement, afin de lui faire lâcher prise, en l'occurrence un poisson pourtant de taille modeste. Peine perdue, le balbu' piaule et s'éloigne à chaque fois vers les boisements proches pour se poser au sol, les serres ostensiblement posées sur sa proie - ça, c'est à moi ! 
Entre 13h50 et 14h15. J'ai changé d'ombre précaire, des craquelures de la cuvette dénudée au marais herbeux et buissonnant - le ressenti est plus frais, moins rugueux, moins agressif... Juste au-dessus de ma tête, deux adultes de pygargue vocifère (haliaeetus vocifer, african fish eagle)... vocifèrent en volant, de grands cercles à basse altitude, à distance mais bien en vue de l'autre ! La parade nuptiale, c'est la fin de saison (novembre-décembre, parfois janvier), est plutôt mollassonne; les affaires sont sans doute déjà réglées. Monsieur en tout cas donne encore un peu du coffre, lève la tête, joue des bras, pardon, des ailes, ostensiblement bloquées, tantôt relevées tantôt rabaissées (cf. photos ci-dessous). 

Huit espèces de rapaces diurnes contactées aujourd'hui, la plupart aux heures chaudes, comme souvent: six (6) espèces du Paléarctique, deux (2) de l'Afrotropical. Ce n'est pas si fréquent, dans ce Sahel où les prédateurs ailés autochtones sont devenus rares, que l'Ornithondar atteint un tel chiffre.

  • Balbuzard pêcheur d'Eurasie (pandion h. haliaetuseurasian osprey), 1 jeune ind. en vol avec une modeste prise dans les serres [vaste cuvette au nord d'un lagon libre de végétaux] puis en rivalité avec un pygargue immature qui lui piquerait bien son butin (13h25)
  • Pygargue vocifère (haliaeetus vociferafrican fish-eagle), 1 ind. immature (3e AC ?) cercle avec un aigle de Bonelli (2e>3e AC), tenu à respectable distance avant de se poser sur les vasières asséchées d'un lagon temporaire (12h40, qu'il quitte à 12h55); après 13h15, en rivalité avec un balbuzard pour des bisbilles de poissonniers, le mets convoité se trouvant dans les serres de l'eurasien... + 2 ind. ad. en paresseux vol de parade (13h50-14h) [marigot]
  • Vautour percnoptère (d'Egypte, neophron p. percnopterusEgyptian vulture - Endangered/EN-En danger d'extinctionsur la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées de disparition, depuis 2007 et En danger/EN sur la Liste rouge française, 2016), 1 ind. juvénile en vol N/NO>E/SE passant pile poil au-dessus de mon arbuste solitaire, l'ombrelle de mon pique-nique ! (12h29)
  • Milan d'Afrique à bec jaune (Milan parasite, milvus aegyptius ssp. parasitusyellow-billed kite), 1 ind. à la verticale de la vaste cuvette (13h10)
  • Busard des roseaux (circus a. aeruginosuswestern marsh-harrier), 1 ind. houspille un aigle de Bonelli, en altitude (+ 1 ind. - le même ?- vu au loin au-dessus des herbiers)
  • Circaète Jean-Le-Blanc (circaetus gallicusshort-toed snake-eagle), 1 ind. survole un homme menant une chèvre en laisse vers le marché puis reste longuement perché [cuvette nord très dégagée, très sèche, mais avec boisement isolé dense]
  • Aigle de Bonelli (aquila f. fasciataBonelli's eagle - Préoccupation mineure/LC sur la liste rouge de l'UICN des espèces menacées de disparition mais Near Threatened/NT-Quasi menacé sur la Liste rouge européenne de BirdLife International, 2015 et En danger/EN sur la Liste rouge française, 2016), un ind. de 3e>4e AC avec rémige secondaire manquante à l'aile gauche cercle à distance réglementaire avec un immature de pygargue vocifère. Il sera bientôt houspillé par un busard des roseaux (scènes de 12h30-13h)
  • Faucon crécerelle (falco t. tinnunculuscommon kestrel), 1 ind. fait le Saint-Esprit [cuvette]

Ci-dessous:
adulte de pygargue vocifère - haliaeetus vocifer, en vol de parade nuptiale
Trois-Marigots 2017 12 25, 14h03 / Photos par Frédéric Bacuez
- Cliquer sur les photos pour agrandir -

Commentaires

  1. dans le Boundou "
    une vraie réserve naturelle communautaire du Sénégal oriental. Hélas elle est rigoureusement mise en coupe réglée par les peuls venus du Ferlo qui massacrent tous les acacias dans l'impunité la plus complète... Les rares points d'eau permanents de la réserve sont envahis par les troupeaux ne laissant guère de chance de survie pour les quelques herbivores encore présents, et en particulier la gazelle à front roux (vue une seule s'enfuyant) Nous y séjournions fin décembre 2017. En comparaison le Diaël semble un véritable havre de paix pour la faune sauvage

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    Réponses
    1. Merci pour cette contribution. Information qui ne m'étonnera pas outre mesure, vous vous en douterez. J'ai donc retiré de la notule 'percnoptère' mes enthousiasmes aussi désespérés qu'inattendus pour une illusoire poche dont je croyais, naïvement et à tort, que son partenariat avec la LPO-Isère augurait d'un avenir plus radieux... Je suis nettement moins optimiste que vous quant au Ndiaël, de ce qu'il en reste. "Havre de paix pour la faune sauvage", comme vous y allez ?! Par la force des choses, oui, parce qu'il n'y avait plus d'eau ou que saisonnièrement; attendez que le Nyeti Yone devienne un marigot à l'année... Pour ses trois phacos rescapés d'un intense braconnage opéré là-bas durant deux décennies d'abandon ? D'un point de vue de la biodiversité, malgré la tendresse qu'Ornithondar éprouve pour son décor, son ambiance parfois surréaliste, on reste dans les mêmes insolubles contraintes, doublées ici par l'occupation d'une partie de ladite réserve 'naturelle' par un agro-business pour le moins fantaisiste: pénétration démographique incontrôlable par l'est, un/des partenariat(s) aléatoire(s) plein()s de promesses et fort peu doté(s) en moyens; et un Etat lointain, très lointain... Loin, très loin, surtout, des effectifs d'oiseaux qui avaient valu le classement du site; et encore plus loin, en nombre d'espèces, des inventaires effectués récemment dans le Boundou - pour mémoire, pour l'Histoire peut-être, j'en conviens volontiers. On se raccroche à ce qu'on peut.

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  2. En même temps, malgré tout, et en attendant la fin là-bas aussi: https://web.facebook.com/rncboundou/posts/934950600013726

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